Symposium des Jardins du précambrien : Capsule des Ville-laines

Des rhizomes aux tricots

Les Jardins du précambrien se font rhizomes pour tous les imaginaires : ici un bien étrange nuage de couleur rose fluo, en suspension, accroche le regard. Çà et là, aux alentours de ce second détour dans le sentier, on constate qu’il y a eu contamination. Des « tricotages ostentatoires » verts, jaunes, orangés ou violets se greffent à l’écorce des arbres et d’autres artifices encore se fondent aux feuillages, aux plantes, tels des gris-gris venus d’ailleurs. Entrons-nous dans une ère postindustrielle propice aux cataclysmes ou dans les rêves d’une enfance figée, comme le suggère ce cercle formant une toile d’araignée avec en son centre une tête de poupée ?

L’imposant nuage de papier bulle qui surplombe l’installation est le symbole des cieux, d’un Dieu inventé. Des pèlerins qui semblent émerger de la Terre sont happés par cette entité radioactive qui leur fait oublier leur essence, leur individualité, au profit d’un culte des apparences et de l’illusion. « Le public, devenu pèlerin, est donc invité à poursuivre son chemin de croix afin de s’immerger dans un flot de couleurs criardes et radioactives. La rédemption est l’ultime récompense quand, arrivé au bout de son itinéraire spirituel, il pourra communier avec la nébuleuse qui lui tend les bras. » Verrons-nous là une réflexion sur la condition humaine, sur notre appropriation sauvage de l’espace, sur la violence de l’humain face à son environnement immédiat ?

Le collectif Les Ville-Laines est formé de cinq jeunes femmes artistes vivant et créant en ville. Si elles ont l’habitude de se réapproprier et de transformer les espaces de bitume en des lieux humanisés de laine, de couleur et de féminité, ce « terrorisme doux » est ici transposé dans la nature, en contraste. Paradoxalement, la forêt se trouve contaminée par une oeuvre d’aspect artificiel, Mystique radioactif. Ce collectif pour le XXIe siècle n’en maintient-il pas pour autant, point par point, maille par maille, une résistance toute naturelle ? C’est que la nature, elle aussi, tricote : dans les sous-sols les racines se ramifient et vont jusqu’à se toucher entre elles. Elles tissent l’enracinement dans l’underground. Des araignées viennent faire leur toile. Les branches tressent dessins, ombrages et trouées vers le ciel. Tout ça crée un environnement et des embellies.

Chloë Charce
Guy Sioui Durand

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