Par un matin relativement morose, l’armée des lapins bleus fait son apparition. Décalé sur un vieux pont du canal Lachine, ce groupe de lagomorphes vient participer aux entrainements de l’Aube. Faisant fi de l’allégresse générale de quelques joggeurs en pleine ascension de leur estime, les lapins, sous la coupe d’un arachnide inquisiteur font de l’escalade. Ces bestioles bleuies sont-elles lasses de lutiner ? Ou est-ce leur soudaine conversion au bleu luciole qui les encouragent à se suspendre à un pont ?
Ce bleu radioactif, qui déjà annonçait les prémisses d’une révolution laineuse, continue donc sa propagation lente mais certaine dans les interstices oubliés du monde urbain. Désormais, des êtres sortis de l’ombre enfourchent avec délectation quelques créatures nonchalantes afin de poursuivre leur dessein parallèle. L’urbanité se meurt et son développement se traduit spatialement par la prospérité du vide, du néant émotionnel. De fait, louons ces mauvaises graines tricotées qui se préparent à l’agonie joyeuse de ces espaces faussement humains.